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Albert Schweitzer (1875-1965)

par le Docteur Jean-Luc Lermusiaux

   Notre société académique « Arts-Sciences-Lettres » a eu l’honneur de récompenser par la grande Médaille d’Or avec Plaquette d’Honneur, le Docteur Albert SCHWEITZER Prix Nobel de la Paix.

   Cet homme illustre remplissait toutes les conditions pour obtenir cette haute récompense à la fois pour les Arts (Musique : grand interprète organiste, compositeur, facteur d’orgues et musicologue) les Sciences (Docteur en Médecine, spécialiste des maladies tropicales et fondateur de l’hôpital de Lambaréné) et les Lettres (Docteur en Philosophie et en Théologie protestante, écrivain…)

 Pour mieux comprendre cet éminent personnage, il nous faut d’abord connaître sa biographie.

   Né à Kaysersberg en Alsace (alors Allemande depuis 1870), le jeune Albert Schweitzer passe une enfance heureuse dans la petite ville de Gunsbach. Son père, pasteur et musicien lui donne une éducation musicale dès son plus jeune âge. À neuf ans il remplace régulièrement l’organiste du temple paroissial. Parfaitement trilingue (Alsacien, Français et Allemand), il va suivre de brillantes études secondaires au Lycée de Mulhouse tout en continuant son éducation musicale (orgue et piano) sous la direction d’Eugène Munch. En juin 1893, il obtient son « Abitur » (équivalent allemand du baccalauréat français).

Après un été musical studieux à Paris avec le compositeur et organiste Charles-Marie Widor, il va suivre simultanément deux cursus de Philosophie et de Théologie protestante à la faculté de Strasbourg.

À l’âge de vingt et un ans, il eut une sorte de révélation qui changera le cours de sa vie future :               « En 1896, aux vacances de la Pentecôte, par un rayonnant matin d’été, je m’éveillai à Gunsbach, et l’idée me saisit soudain que je ne devais pas accepter mon bonheur comme une chose toute naturelle et qu’il me fallait donner quelque chose en échange. »

   Quatre ans plus tard, il reçoit l’ordination de l’Église luthérienne d’Alsace et de Lorraine et est nommé vicaire de la paroisse de Saint-Nicolas à Strasbourg. Bien qu’ayant soutenu brillamment un an plus tôt sa thèse de philosophie consacrée à la pensée religieuse de Kant, son engagement comme prédicateur lui ferme une carrière académique. Il achève alors une thèse de théologie sur « La Cène dans ses rapports avec la vie de Jésus et l’histoire du christianisme primitif », puis complète ce cursus par une thèse d’habilitation sur « Le secret de la messianité et de la passion de Jésus ». En 1902, il est nommé Privat-docent (enseignant sans chaire) à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg. Une belle carrière de théologien, de prédicateur, de musicologue et d’organiste semble s’offrir à lui.

 Cependant, il sait que ce n’est pas sa véritable vocation et se fait la promesse de consacrer toute sa vie à aider les autres à partir de l’âge de trente ans. Il apprend en 1904 que la société des missions évangéliques de Paris recherche des médecins volontaires pour le Gabon (à l’époque faisant partie du Congo français). Soutenu par son amie et future épouse, Hélène Breslau, inspectrice des orphelinats de Strasbourg et infirmière, il décide de commencer des études de médecine qu’il terminera brillamment en 1913. Le sujet de sa thèse de doctorat n’est pas banal : « les jugements psychiatriques sur Jésus ». La Société des missions évangéliques de Paris, organisme qui coordonne les missions protestantes en France, se montre plutôt réticente à l’idée de recruter un citoyen allemand, universitaire et théologien libéral de surcroît. Le jeune médecin accepte finalement de partir à ses propres frais. Pour financer cette expédition, il donne des concerts et sollicite ses amis, en Alsace et à Paris. Il réunit des médicaments et du matériel médical pour deux ans (soixante-dix caisses) et emporte aussi le piano à pédalier d’orgue, en bois résistant aux termites, spécialement réalisé pour lui par la Société Jean-Sébastien Bach de Paris, dont il est un membre actif. C’est à Lambaréné au bord du fleuve Ogooué qu’il installe le village-hôpital qui va le rendre célèbre.   Malheureusement dès le début août 1914, la guerre est déclarée et en tant que citoyens allemands sur le territoire d’une colonie française les époux Schweitzer sont mis en garde à vue puis autorisés à reprendre une activité réduite. En septembre 1917 ils sont faits prisonniers de guerre et seront transférés début 1918 au camp de Saint Rémi en Provence. Ils pourront regagner l’Alsace à l’occasion d’un échange de prisonniers. Après le traité de Versailles, Albert Schweitzer obtient de manière automatique la nationalité française en tant qu’Alsacien. Il ne pourra retourner à Lambaréné qu’en 1924 après la naissance de sa fille unique Rhéna. Il reconstruit son hôpital en ruine et y passera l’essentiel de sa vie. Révélé en 1947, lorsque la revue "Time Life Magazine" le désigne comme « le plus grand homme du siècle », il devint mondialement connu à partir des années 50. La littérature, les émissions de radio et le cinéma s’emparent de son personnage mythique longiligne doté d’une magnifique moustache et coiffé d’un casque colonial dissimulant une abondante chevelure. De nombreuses universités le nomment docteur honoris causa et il reçoit de nombreuses décorations nationales et internationales. Enfin il reçoit le prix Nobel de la Paix en 1952. Ami d’Albert Einstein et de Robert Oppenheimer, il devint un ennemi juré du péril atomique jusqu’à sa mort en 1965 ce qui lui valut de nombreuses critiques en France et aux Etats-Unis. Il repose ainsi que sa femme et sa fille dans le petit cimetière de Lambaréné.

Albert Schweitzer qui se définissait lui-même comme « Homme universel » a laissé une œuvre immense pas encore entièrement exploitée : livres, autobiographies, correspondances, sermons et nombreux documents en allemand et en français.

Albert Schweitzer Musicien

 Il fut un grand interprète à l’orgue des œuvres de Bach et donna 487 récitals en Europe du Nord. Son activité de compositeur fut plus modeste, mais de qualité. Sa science musicologique couronnée par l’édition complète des œuvres d’orgue de Jean Sébastien Bach achevée après cinquante ans de travail reste une référence. De plus, ce musicien complet fut également facteur d’orgues reconnu en Alsace.

Albert Schweitzer Théologien

 Il a été profondément marqué par le protestantisme libéral qui ramène souvent l’essentiel du message chrétien à une réflexion sur la personne et l’enseignement de Jésus. Ses travaux portent principalement sur le Nouveau Testament, Jésus de Nazareth, l’apôtre Paul, les religions du monde et les spécificités du christianisme. Il fut influencé par les grands penseurs Hindous. À travers ses sermons, préparés avec soin, il s’applique essentiellement à interpréter les paroles de Jésus dans les évangiles, exhortant, en termes enthousiastes, ses paroissiens à œuvrer à l’avènement du Royaume de Dieu par l’action.

Albert Schweitzer Philosophe

 Auteur remarqué d’une thèse consacrée à la philosophie de la religion chez Kant, le « philosophe du devoir » il deviendra ensuite un spécialiste critique de la pensée de Friedrich Nietzsche. Cela le conduira à écrire une « Kulturphilosophie » dont les deux premiers tomes paraîtront en 1923. Dans le premier volume, il brosse un tableau très sombre de la situation de l’humanité et du déclin de la civilisation occidentale. C’est dans le second tome qu’il développe son principe du « respect de la vie », fondement de l’éthique de ce grand humaniste. Le troisième tome restera à l’état de brouillon publié après sa mort.   Dès son jeune âge, Albert Schweitzer dénonce l’indifférence de la philosophie européenne à la protection des animaux, alors que l’amour du prochain préconisé par le christianisme contient « implicitement » la compassion envers les bêtes.

 

 

Albert Schweitzer Médecin

 Cet humaniste, travailleur acharné, obsédé per le respect de la vie et ennemi de la douleur, a choisi la médecine pour aider son prochain. Sa formation fut pour l’époque la plus complète possible en médecine générale, mais aussi en chirurgie, en chirurgie dentaire, en dermatologie, en gynécologie-obstétrique et en médecine coloniale et tropicale. Il fit plusieurs séjours dans de grands services hospitaliers européens pour parfaire ses connaissances toute sa vie. A Lambaréné il soigna de nombreuses pathologies tropicales : les parasitoses intestinales, le paludisme, la lèpre, la maladie du sommeil, mais aussi les plaies, les gales, les ulcères et opérera les hernies étranglées et les tumeurs éléphantiasiques. L’hôpital de Lambaréné n’était pas un hôpital comme on le concevait en Europe : c’était un village-hôpital africain sans électricité sauf pour le bloc opératoire et les installations techniques et les cases rudimentaires accueillaient les malades et leurs familles. Après la mort d’Albert Schweitzer, de nombreuses critiques venant de témoins, de disciples et de détracteurs apportent des points de vue contrastés concernant son œuvre médicale. On lui a reproché son attitude autoritaire et paternaliste envers les Gabonais qu’il nommait « indigènes ». Certains ont confondu paternalisme avec colonialisme mais il ne faut pas oublier le contexte de l’époque et qu’avant 1914 dans ses prêches le pasteur Albert Schweitzer avait explicitement critiqué les entreprises coloniales de l’Allemagne et les méthodes violentes utilisées par celle-ci dans ses colonies du Sud-Ouest africain. Son refus de modifier les coutumes indigènes le condamnait à garder à son hôpital un côté archaïque. Certes, l'aspect des rues de l'établissement n'a rien d'édifiant : les détritus de tous ordres souillent l'entrée des cases et le sol et la majorité des patients dorment par terre sur des nattes comme ils le faisaient dans leurs pauvres cases. On accuse l'hôpital de négligence et de saleté mais les nombreux Gabonais qui à l’époque n’auraient pas supporté le séjour dans un hôpital « normal » avec tout ce qu’il comporte de ruptures psychologiques acceptaient volontiers de se rendre avec leur famille pour se faire soigner dans leur cadre de vie habituel. De plus l’immense succès de ce village-hôpital repose sur l’efficacité des soins et les nombreuses guérisons obtenues. A-t-on le droit de juger un homme, non sur son apport, mais sur ses manquements ? Quelquefois, le mérite l'emporte sur l'insuffisance, et c'est sans doute ainsi qu’Albert Schweitzer qui, contrairement à beaucoup d’autres a su mettre sa vie en harmonie avec ses principes philosophiques et religieux, s'est imposé à l'attention du monde.

Pour terminer cet article j’ai le plaisir de partager avec mes lectrices et lecteurs quatre citations d’Albert Schweitzer qui font réfléchir et sont toujours actuelles :

 « L'âme de l'artiste est un tout complexe où se mélangent en proportions infiniment variables les dons du poète, du peintre, du musicien… ».

« L’idéal est pour nous ce qu’est une étoile pour le marin. Il ne peut être atteint, mais il demeure un guide. »

« Chaque fois que je suis sur le point d’abîmer une vie quelconque, il faut que je me pose clairement la question de savoir si c’est nécessaire. Jamais je ne devrai m’autoriser à aller au-delà de l’indispensable, même dans des cas apparemment insignifiants »

« Le bonheur est la seule chose qui se double si on le partage ». 

 

Docteur Jean-Luc Lermusiaux

30 août 2020

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Albert Schweitzer (1875-1965)

 

Our academic society, "Arts-Sciences-Lettres," had the honor of awarding the great Gold Medal with Plaquette of Honor to Doctor Albert SCHWEITZER Nobel Peace Prize.

 

This illustrious man fulfilled all the conditions to obtain this high reward both for the Arts (Music: great performer, organist, composer, organ builder, and musicologist) the Sciences (Doctor of Medicine, a specialist in tropical diseases and founder of the Lambaréné hospital) and Letters (Doctor of Philosophy and Protestant Theology, writer.).

To better understand this eminent person, we must first know his biography.

 

Born in Kaysersberg in Alsace (then German since 1870), the young Albert Schweitzer spent a happy childhood in the small town of Gunsbach. His father, pastor, and musician gave him a musical education from an early age. At nine, he regularly replaced the organist of the parish temple. Perfectly trilingual (Alsatian, French, and German), he will follow brilliant secondary studies at the Lycée de Mulhouse while continuing his musical education (organ and piano) under the direction of Eugène Munch. In June 1893, he obtained his "Abitur" (German equivalent of the French baccalaureate).

After a hard-working musical summer in Paris with the composer and organist Charles-Marie Widor, he will simultaneously follow two courses in Philosophy and Protestant Theology at the Faculty of Strasbourg.

At the age of twenty-one, he had a sort of revelation which will change the course of his future life: "In 1896, on the Pentecost holidays, on a bright summer morning, I awoke in Gunsbach, and the idea suddenly seized me that I should not accept my happiness as something quite natural and that I should give something in return. "

Four years later, he received the Lutheran Church of Alsace and Lorraine's ordination and was appointed vicar of the parish of Saint-Nicolas in Strasbourg. Despite brilliantly defended his thesis in philosophy devoted to Kant's religious thought, his engagement as a preacher closed him an academic career. He then completed a research paper in theology on "The Last Supper in its relation to the life of Jesus and the history of early Christianity", then completed this course with a habilitation thesis on "The secret of the messiahship and the passion of Jesus." In 1902, he was appointed Privat-docent (teacher without a chair) at the Faculty of Protestant Theology in Strasbourg. A successful career as a theologian, preacher, musicologist, and organist seem to be open.


 

However, he knows this is not his true calling and promises to devote his entire life to helping others from the age of thirty. He learned in 1904 that the society of evangelical missions in Paris was looking for volunteer doctors for Gabon (at the time part of the French Congo). Supported by his friend and future wife, Hélène Bresslau, inspector of orphanages in Strasbourg and nurse, he decided to start studying medicine, which he finished brilliantly in 1913. The subject of his doctoral thesis was not trivial: "the psychiatric judgments on Jesus." The Société des missions évangéliques de Paris, an organization that coordinates Protestant missions in France, is somewhat reluctant to recruit a German citizen, academic and liberal theologian to boot. The young doctor finally agrees to leave at his own expense. To finance this expedition, he gives concerts and asks his friends in Alsace and Paris. He brings together medicines and medical equipment for two years (seventy cases). Also, He takes the organ pedal piano, in termite-resistant wood, specially made for him by the Jean-Sébastien Bach Society of Paris, of which he is an active member. It was in Lambaréné on the banks of the Ogooué river that he set up the village-hospital that would make him famous. Unfortunately, from the beginning of August 1914, the war was declared. As German citizens on the territory of a French colony, the Schweitzer spouses were taken into police custody and allowed to resume reduced activity. In September 1917, they were prisoners of war and transferred at the beginning of 1918 to the Saint Rémi camp in Provence. They will be able to return to Alsace on the occasion of an exchange of prisoners. After the Treaty of Versailles, Albert Schweitzer automatically obtains French nationality as an Alsatian. He could not return to Lambaréné until 1924 after the birth of his only daughter, Rhéna. Then Albert was rebuilding his ruined hospital and will spend most of his life there.

Revealed in 1947, when the magazine "Time-Life Magazin" designated him as "the greatest man of the century", he became world-famous from the 1950s. Literature, radio broadcasts, and the cinema seized on his character mythical slender endowed with a magnificent mustache and wearing a colonial helmet concealing abundant hair. Many universities appoint his honorary doctorate, and he receives numerous national and international decorations. Finally, he received the Nobel Peace Prize in 1952. Friend of Albert Einstein and Robert Oppenheimer, he became a sworn enemy of the atomic peril until he died in 1965, which earned him many criticisms in France and the United States. He rests as well as his wife and his daughter in the small cemetery of Lambaréné.

Albert Schweitzer, who defined himself as a "universal man," left a vast work not fully exploited: books, autobiographies, correspondence, sermons, and numerous documents in German and French.


 

Albert Schweitzer Musician:

He was a great organ performer of Bach's works and gave 487 recitals in Northern Europe. His activity as a composer was more modest, but of quality. His musicological science crowned by the complete edition of the organ works of Johann Sebastian Bach completed after fifty years of work remains a benchmark. This perfect musician was also a recognized organ builder in Alsace.


 

Albert Schweitzer Theologian:

He was deeply marked by liberal Protestantism, which often reduces the Christian message's essence to a reflection on the person and the teaching of Jesus. His work focuses on the New Testament, Jesus of Nazareth, the Apostle Paul, world religions, and the specifics of Christianity. The great Hindu thinkers influenced him. Through his carefully prepared sermons, he is primarily concerned with interpreting the words of Jesus in the gospels, urging, in enthusiastic terms, his parishioners to work for the coming of the Kingdom of God by action.


 

Albert Schweitzer Philosopher:

Noted author of a thesis devoted to the philosophy of religion in Kant, the "philosopher of duty", he later became a critical specialist in the thought of Friedrich Nietzsche. It will then lead him to write a "Kulturphilosophie", the first two volumes of which will appear in 1923. In the first volume, he paints a very dark picture of humanity's situation and the decline of Western civilization. In the second volume, he develops his principle of "respect for life", " the basis of the ethics of this great humanist. The third volume will remain as a published draft after his death. From an early age, Albert Schweitzer denounced the indifference of European philosophy to the protection of animals, while the love of neighbor advocated by Christianity "implicitly" contains compassion for animals.


 

Albert Schweitzer Doctor:

This humanist, hard worker, obsessed with respect for life and enemy of pain, chose medicine to help his neighbor. His training was as complete as possible in general medicine and in surgery, dental surgery, dermatology, obstetrics, gynecology, and colonial and tropical medicine. He made several stays in vast European hospital services to perfect his knowledge throughout his life. In Lambaréné, he treated many tropical pathologies: intestinal parasitosis, malaria, leprosy, sleeping sickness, but also wounds, scabies, ulcers, and operated on strangulated hernias and elephantiasis tumors. Lambaréné Hospital was not a hospital-like conceived in Europe: it was an African village-hospital with no electricity except for the operating theater and technical facilities, and rudimentary huts accommodated the sick and their families.

After the death of Albert Schweitzer, many criticisms from witnesses, followers, and detractors bring contrasting views about his medical work. His authoritarian and paternalistic attitude towards Gabonese, whom he called "indigenous," brought critics to him. Some have confused paternalism with colonialism, but we must not forget the context of the time. And that before 1914 in his sermons, Pastor Albert Schweitzer had explicitly criticized the colonial enterprises of Germany and the violent methods used by it in its colonies in South West Africa. His refusal to modify indigenous customs condemned him to keep an archaic side to his hospital. Admittedly, the appearance of the establishment's streets is not edifying: rubbish of all kinds of soil the entrance to the huts and the floor, and the majority of patients sleep on the floor on mats as they did in their homes. Poor huts. The neglect and filth are the hospital accusation, but the many Gabonese who would not have supported the stay in a "normal" hospital with all that it involves psychological ruptures willingly agreed to go with their families. To seek treatment in their natural living environment. The effectiveness of the care and the numerous cures obtained was the tremendous success of this village-hospital. Do we have the right to judge a man, not on his contribution, but his failings? Sometimes merit outweighs insufficiency. Without any doubt, Albert Schweitzer, who, unlike many others, knew how to bring his life in harmony with his philosophical and religious principles, imposed himself on the world's attention.

 

To end this article, I am pleased to share with my readers four sobering and still relevant quotes from Albert Schweitzer:

 

"The artist's soul is a complex whole in which the gifts of the poet, the painter, the musician mixed in infinitely variable proportions…”

 

"The model for us is what a star is for the sailor. We cannot reach him, but he remains a guide. “

 

"Anytime I'm about to ruin any life, I need to be clear about whether it is necessary. I should never allow myself to go beyond what is necessary, even in seemingly insignificant cases.”

 

"Happiness is the only thing that doubles if you share it".


 

Doctor Jean-Luc Lermusiaux,

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